Admettons-le, qu'on le veuille ou non, les commérages font partie de notre quotidien. C'est un comportement ancré dans la nature humaine. En somme, les commérages consistent à discuter de personnes qui ne sont pas présentes. Chacun d'entre nous passe en moyenne une heure par jour à s'adonner à cette forme de communication, que ce soit au sujet de collègues, d'amis, de membres de la famille ou d'autres individus.

Parfois, ces conversations sur autrui sont inoffensives, et l'on partage simplement des informations, ce qu'on appelle les "ragots neutres." Cependant, d'autres fois, pour diverses raisons telles que nos insécurités ou le désir d'accroître notre statut social, les commérages prennent une tournure malveillante, se transformant en véritables armes contre autrui. Ces commérages toxiques peuvent nuire à la fois à celui qui les propage et à la personne visée. En effet, parler négativement des autres peut pousser les autres à craindre que nous parlions d'eux de la même manière, engendrant ainsi des dommages aux relations existantes et sapant la confiance au sein du groupe. Quant à être la cible de commérages malveillants, cela peut être blessant, isolant et porter atteinte à la confiance en soi et aux capacités d'une personne.

Cependant, il est possible de satisfaire notre besoin de commérages d'une manière qui soit bénéfique pour nous et pour les autres. Le commérage positif consiste à partager les réalisations des autres et à célébrer leurs contributions sans aucune intention malveillante. En agissant ainsi, nous pouvons favoriser la confiance, renforcer nos liens avec les autres, nous sentir pleinement intégrés à une équipe et avoir l'opportunité d'apprendre des exemples inspirants offerts par autrui. Alors, prenons conscience de notre façon de communiquer sur les autres et choisissons de promouvoir des commérages constructifs et bienveillants dans nos interactions quotidiennes.

Les ragots... vieux comme le monde

Dans la Grèce antique, le grand philosophe Socrate était réputé pour sa sagesse et sa capacité à discerné la vérité. On raconte qu'il avait une méthode particulière pour filtrer les informations qu'il recevait des autres, et cela lui permettait de se prémunir des ragots et des fausses nouvelles qui pouvaient circuler dans la société de l'époque.

Le "filtre de Socrate" était en réalité une série de trois questions que Socrate posait à ceux qui venaient lui rapporter des informations ou des potins. Ces questions étaient conçues pour évaluer la véracité et la pertinence des propos entendus :

• Est-ce que tu es absolument certain de la véracité de cette information ?
  Socrate insistait sur l'importance de ne pas propager des informations douteuses ou non vérifiées. Il incitait les gens à se remettre en question et à réfléchir à la source de leur connaissance.

• Est-ce que ce que tu me dis est bon, juste ou utile ?
  Socrate accordait beaucoup d'importance à la vertu et à la bienveillance. Il invitait donc ses interlocuteurs à se demander si partager ces informations pourrait contribuer positivement à la vie des autres et de la communauté.

• As-tu personnellement vérifié si cela avait un impact direct sur ta propre vie ?
  En demandant cela, Socrate encourageait les gens à réfléchir à l'impact réel que ces informations pourraient avoir sur leur propre existence. Il mettait ainsi en évidence l'importance de ne pas se laisser entraîner par des rumeurs qui ne concernaient pas directement leur bien-être ou leur évolution personnelle.

Le filtre de Socrate n'était pas seulement une manière de se protéger des ragots, mais aussi un moyen d'encourager la réflexion, la prudence et la responsabilité dans la manière dont nous communiquons avec les autres. Il rappelait que la vérité et la sagesse se trouvent dans la recherche sincère et la quête de la connaissance, plutôt que dans la propagation aveugle de commérages et de fausses nouvelles.

De nos jours, le filtre de Socrate peut encore être une leçon précieuse pour nous guider dans notre utilisation des médias sociaux et dans la façon dont nous traitons les informations que nous recevons. Il nous rappelle l'importance de la pensée critique et de la bienveillance dans un monde où les ragots et les fausses informations peuvent se propager rapidement et avoir des conséquences néfastes sur la vie des gens. En pratiquant le filtre de Socrate, nous pouvons devenir des communicateurs plus responsables, soucieux de la vérité et du bien-être des autres.